Situation des vignerons dans les années 30

Séance du 16 février 1935


L’an mil neuf cent trente cinq le 16 février à 17h30 le Conseil municipal de Coulommes la Montagne s’est réuni à la mairie sous la présidence de A. Detroux, Maire.
Présents : MM Detroux, Prévot Ch, Sogny Gaston, Lagauche Raymond, Bernard M. Ponson Albert, Prévot Marcel
Absents : MM Hoche V, Promsy L, Massonnot Aimé.
Secrétaire : M Ponson Albert

La séance étant ouverte :
…..
Sur la proposition du Maire de Trépail, le Conseil prend la délibération suivante :


Le Conseil municipal, considérant la situation pénible du vigneron champenois qui frise, dans beaucoup de cas, la misère, dont la cause réside principalement dans l’indifférence des Gouvernements successifs à son égard, la mévente de la plus grande partie, le plus souvent de la totalité de la récolte, non seulement de l’année écoulée, mais encore de 1932 et 1933.
Le nombre réduit des offres d’achats et, de plus, consentis à des prix dérisoires, si l’on considère la qualité incontestable de la majorité des vins de notre région.
Les impôts énormes qui l’écrasent et paralysent tout effort tenté pour faciliter l’écoulement du vin, songeons que dans les revenus imposables des propriétés, l’hectare de vigne est évalué à 7 fois ½ plus que l’hectare de terre en 1ère classe, n’est-ce pas une iniquité flagrante ? Ce n’est pas tout, des taxes énormes par rapport au prix du vin grèvent encore de façon considérable son prix de revient, ajoutez à cela des transports coûteux, que reste t-il au producteur lorsque, par exception, il a pu vendre son vin ? Car aucune illusion ne peut avoir lieu à ce sujet, c’est le producteur qui fait entièrement les frais de ces impôts, le client n’achetant qu’à de vils prix.
Les sacrifices imposés à la Champagne viticole sur la question des accords douaniers favorisent l’écoulement de certains produits au détriment du Champagne.

Le vote de la dernière surtaxe sur la circulation des vins vient compléter cette série d’injustices criantes. Qui paiera, en effet, les avantages réservés aux méridionaux ; le vigneron champenois, toujours le même, nous le retrouvons en tête des sacrifiés. D’autre part, lorsque le vigneron vend une bouteille de Champagne dont la contenance est de 80 cl, pourquoi lui applique-t-on la même taxe que pour 1 litre. Comment expliquer cette curieuse anomalie ? Est-il juste que 80 cl équivalent à 1 litre surtout lorsqu’il s’agit d’un impôt qui, en principe, devrait être équitablement établi ? Pourquoi, en outre, réserve-t-on aux vins du midi, la priorité des achats de l’armée, le vin champenois ne vaut-il pas le vin du midi, n’est-il pas un produit français comme lui, livré dans certains cas, à un prix inférieur ?

Le Conseil
Proteste énergiquement contre la nouvelle surtaxe appliquée, en demande la suppression immédiate pour notre région.
Exige une révision des impôts fonciers et de tous les impôts en général ; un allègement des charges dans ce sens ramènerait un regain de prospérité chez le vigneron, ainsi que celle des finances de l’Etat, qui en dépend pour une large part.
Souligne la nécessité absolue de la révision des accords douaniers dont le système actuellement en vigueur, menace gravement la Champagne viticole et hâtera sa disparition.
Demande que l’armée achète du vin aussi bien en Champagne que dans les autres régions viticoles Françaises.
Demande que la présente délibération soit transmise au Ministre de l’Intérieur.

Le Maire : A. Detroux
Les Conseillers Municipaux : Ch. Prévot, R. Lagauche,
 G. Sogny, Bernard,  A. Ponson,  Prévot M.

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